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Hommage à une voix : Jean Amrouche, poète et journaliste littéraire (1926 L SC)

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15/04/2022

Il y a soixante ans disparaissait Jean El Mouhoub Amrouche (7 février 1906 à Ighil Ali en Algérie - 16 avril 1962 à Paris) quelques semaines après les accords d'Évian (19 mars 1962) qui conduiront à l'indépendance de l'Algérie. El Mouhoub ("le Prestigieux") est son prénom de naissance et Jean, son prénom de baptême devenu son prénom d'usage, le code de l'indigénat interdisant l'enregistrement d'un prénom chrétien à l'état-civil.

Samedi 16 avril, un hommage est prévu à Sargé-sur-Braye (Loir-et-Cher), lieu de sa sépulture, de celle de sa femme, Suzanne Mombert, et de leur fille Catherine (1944-1964). Il rassemblera "sa famille, ses proches et tous ceux qui conservent le souvenir de son oeuvre littéraire et politique" (Le Monde, 16 avril 2022).

Poète, J. Amrouche publia Cendres et Étoile secrète et, dès 1939, en tirage limité, les Chants berbères de Kabylie, Tunis, Monomotapa, 1939. Le texte français avait été établi d'après les originaux berbères tirés de la tradition orale par sa mère, Marguerite Fadhma Aïth-Mansour elle-même autrice d'Histoire de ma vie. Ces Chants sont constamment réédités et ont été enregistrés par sa soeur, Taos Amrouche, poète, romancière  et cantatrice. 

Après avoir enseigné les lettres quelques années aux lycées de Sousse, Bône et Tunis, Jean Amrouche fut un grand journaliste radiophonique à Tunis, puis à Alger : en 1943-1944, il travaille pour Radio France, station qui succède à la vichyste Radio Alger. Jean Amrouche fut aussi le directeur de la revue L'Arche à Alger (puis Paris) qui publia Antonin Artaud, Maurice Blanchot, Henri Michaux, Roger Caillois, René Char, Francis Ponge, etc.

Il a également travaillé pour la radio nationale de 1944 à 1959, année de son éviction par Michel Debré parce qu'il est un interlocuteur du FLN et bien qu'il soit écouté de De Gaulle. C'est à la RTF qu'il a, sinon inventé, du moins porté au plus haut  niveau le genre de l'entretien littéraire radiophonique. Il invite poètes, romanciers, essayistes et penseurs (Gaston Bachelard, Roland Barthes, Maurice Merleau-Ponty, Georges-Emmanuel Clancier, Kateb Yacine, etc.)

Ses entretiens radiophoniques ont parfois été menés en série et publiés, ainsi les Mémoires improvisés de Paul Claudel, et les Propos improvisés de Giuseppe Ungaretti, édition de Philippe Jaccottet, Gallimard, 1972. Ses entretiens avec André Gide ont fait date. Il explique en 1954 comment l'idée lui est venue, alors qu’il jouait avec l'écrivain aux échecs à peu près tous les soirs, « de remplacer l’échiquier par un micro et de remplacer le déploiement des pions par un échange de paroles. »

Le Journal (1928-1962) de Jean Amrouche a été publié en 2009 ainsi qu'une partie de sa correspondance, par exemple celle avec André Gide et Jules Roy.

En 1954, la guerre d’Algérie commence et sera pour Jean Amrouche un déchirement entre sa passion pour la France et sa culture (sa famille a été naturalisée française en 1910 à Tunis), et l’Algérie dont il est resté toujours un enfant. 

« Je parle ici, non pas en homme de la rue, déclara-t-il un jour à Genève en 1959, mais en homme qui se trouve moralement à la rue. Je veux dire que je ne représente rien. Je ne peux représenter la France et la culture française : on m’en contesterait le droit, et on l’a déjà fait. Je ne peux pas représenter non plus l’Algérie : on m’en contesterait le droit, et on l’a déjà fait, et ceux qui l’ont fait sont des hommes de gauche, et même d’extrême gauche, qui m’ont dit que je n’avais pas le droit de parler des choses de la France, parce que je n’étais qu’un Algérien, mais que je n’avais pas le droit de parler des choses de l’Algérie, et au nom des Algériens puisque je suis un Algérien francisé, le plus francisé des Algériens. »

Il a pourtant tenté de convaincre dans la presse que la guerre d’Algérie était une sale guerre au déshonneur de la France. De 1954 à 1962, il a publié des dizaines d’articles dans Le Monde, L’Express, France Observateur, tous appelant à la paix.

Une haute statue de Jean Amrouche a été dévoilée à Ighil Ali en 2012 pour le cinquantenaire de sa disparition.

Son oeuvre : https://www.idref.fr/026685140

Illustration ci-dessus : Jean Amrouche en burnous, photographe inconnu. CCBY-SA 4.0 via Wikipedia Commons.

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