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Pascal Lainé était écrivain, Prix Médicis et Prix Goncourt

Carnet

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31/05/2025

Pascal Lainé (1962 L SC) était écrivain (romans et essais), Prix Médicis et Prix Goncourt. Son nom est attaché à un livre, La Dentellière, Goncourt 1974, dont le succès mondial - prolongé par une adaptation au cinéma – éclipsa, selon lui, le reste de son œuvre. Il publia une trentaine d’ouvrages. Il était aussi photographe et a exposé et publié ses photos dans des albums. Agrégé de philosophie, russophone, Pascal Lainé a suivi les cours de Jean-Toussaint Desanti. Il a enseigné d’abord au lycée professionnel de Saint-Quentin, au lycée Louis-le-Grand et à l’Institut universitaire de technologie de Villetaneuse (1974) avant de se consacrer complètement à l’écriture. Il est décédé  le 30 décembre 2024.

Rencontre avec Pascal Lainé 
Michel Jamet (1967 L SC)

Le lycée technique Condorcet jouxtait les Champs-Élysées au nord de la ville de Saint-Quentin dans l’ancienne ZUP devenue le Quartier de l’Europe. Le peu d’heures que j’y fis, me montra qu’il n’était pas possible d’y enseigner la philosophie et, sans doute, toutes les matières qui n’étaient pas d’atelier. Semblable constat avait déjà été fait par Pascal Lainé que je rencontrais dans le train nous ramenant à Paris. Ses deux romans, L’Irrévolution et La Dentellière traitaient l’un et l’autre de l’impossibilité de communiquer entre êtres humains, faute de posséder une langue commune. Le premier apportait le témoignage du professeur de philosophie sur deux jeunesses appelées à ne jamais se rejoindre : celle d’un professeur « critique » et celle de ses élèves chaudronniers vite résignés au sort qui serait le leur. Le second, La Dentellière, très inspiré des analyses de Pierre Bourdieu, reprenait grosso modo le même canevas et s’achevait dramatiquement sur l’hospitalisation pour anorexie de la shampouineuse Pomme.

Hommage de Jean Galard (1959 L SC)

Nous avons été, Pascal Lainé et moi, condisciples « en quelque sorte » et « pour ainsi dire, » c'est-à-dire fréquentant la même École et suivant la même discipline, mais sans le savoir, trois années nous séparant et le souci du concours final absorbant une trop grande partie de notre attention. J'ai d'abord connu l'écrivain, en fait, par ses livres, La Dentellière, comme tout le monde, et L'Irrévolution, en 1971 comme la plupart des collègues de l'époque, désireux de connaître l'expérience d'un professeur de philosophie affecté, bien qu'agrégé, dans un lycée technique de province, au milieu d'élèves parfaitement indifférents à « l'esprit de mai 68 ». Puis sont venus quantité d'autres livres, plus que n'en pouvait en engloutir un enseignant attentif à la production intellectuelle de ces années fécondes. Un très agréable rapprochement s'est finalement produit grâce à nos enfants. De son côté, Marc Lainé, le fils, de Pascal, est écrivain à son tour et prolifique lui aussi, scénographe d'abord, puis metteur en scène de théâtre et d'opéra, directeur de théâtre (la Comédie de Valence). Le mien, Vladislav, a été polytechnicien par inadvertance (ou pour faire plaisir à ses parents) puis est revenu à sa vocation littéraire et il est comédien. Il joue notamment, en 2024, Nos paysages mineurs et En finir avec leur histoire , deux textes écrits et mis en scène par Marc Lainé et promis aujourd'hui à une suite. L'occasion était bonne pour que les paternels ancêtres se retrouvent ou plutôt fassent connaissance et veuillent se revoir. Ainsi, soixante ou soixante-dix ans (je compte mal) après leur quasi-simultanéité de séjour à l’ENS de Saint-Cloud, voilà les presque condisciples se traitant en véritables condisciples et évoquant en tête-à-tête de cafés le lointain Martial Guéroult ou le proche Jean-Toussaint Desanti. Autrement dit, il arrive que les enfants jouent un rôle décisif pour rapprocher leurs parents respectifs. Et ensuite ? En dépit de vies bien chargées de part et d'autre et d'innombrables thèmes de conversation possibles, de quoi vont donc parler les ancêtres ainsi réunis. Mais de Saint-Cloud, bien sûr, faute de pouvoir dire Fontenay-aux Roses, ou Lyon.

Ces dernières années, Pascal Lainé a inspiré la création d’un personnage de théâtre prénommé Paul. Marc Lainé,  fils de Pascal, s’est inspiré de trois périodes de la vie de ses parents pour écrire, mettre en scène et scénographier une trilogie. Deux volets ont déjà été créés : Nos paysages mineurs (Cycle Liliane et Paul, 1968-1975) le 21 septembre 2021 et En finir avec leur histoire (Cycle Liliane et Paul, 1992), le 11 janvier 2024. Ce diptyque - cité par Jean Galard ci-dessus - est actuellement en tournée. La création de La chambre de l’écrivain (Cycle Liliane et Paul, 2021) - titre provisoire du troisième et dernier volet - est désormais annoncée par la Comédie de Valence le 2 octobre 2025 aux Célestins Théâtre de Lyon. 

Dans son numéro de juin (2025-1), le Bulletin de l'association des élèves et anciens élèves des ENS de Lyon, Fontenay-aux-Roses et Saint-Cloud publiera l'intégralité de l'hommage  à Pascal Lainé et un extrait inédit de La Chambre de l'écrivain de Marc Lainé. à paraître à l'automne 2025 (Actes Sud).

Illustration : Photographie de Sophie Lainé. Droits réservés.


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