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Rentrée 2000


Pour moi ce n’était pas seulement une délocalisation mais un changement d’Université. Beaucoup de Parisiens s’étaient accrochés à la capitale comme des bigorneaux à leur rocher, pensant sans doute que Lyon était une contrée lointaine où l’eau, le gaz et l’électricité faisaient défaut (pas le beaujolais comme chacun sait, mais cela ne suffit pas). C’est ainsi que, de toute l’équipe CNRS Langues et littératures arabes (CELMA) que Djamel Kouloughli et Sylvain Auroux (67 L SC) avaient constituée à l’ENS de Saint-Cloud, deux personnes seulement (Edwige Lambert et moi) ont accepté de se localiser à Lyon. Grâce aux services de Gérard Wormser (78 L SC), j’ai trouvé très facilement un appartement rue Chevreul, à deux stations de l’École. Ma bibliothèque m’a suivi, intégrée au déménagement de l’École et, dans l’océan de cartons contenant des livres, il m’a fallu retrouver les quarante qui me revenaient. Heureusement mon étudiant Mihai Dat m’a prêté assistance dans cette entreprise. Francine Mazière (60 L FT) m’a beaucoup aidé à me glisser dans le modèle ENS, bien différent de celui de Paris-8 où j’exerçais depuis 1974, et c’est ainsi que, en collaboration avec Makram Abbès (92 L FC), qui était PRAG à cette époque, nous avons démarré l’activité de la petite section d’arabe de l’ENS Lettres. Je n’ai pas pour autant abandonné mes doctorants de Paris-8 et, de 2000 à 2004, huit d’entre eux ont soutenu leur thèse, certains s’étant localisés eux aussi à Lyon et bénéficiant d’un bureau à l’ENS.

Sylvain Auroux souhaitait que nous mettions sur pied des projets de coopération scientifique avec les collègues lyonnais. C’est pourquoi, dès 1999, j’avais commencé l’édition de la version damascène du Roman de Baybars en collaboration avec Katia Zakhariya de Lyon-2. Il s’agissait d’une entreprise de très longue haleine qui arrive à son terme cette année avec la publication du tome 18, en collaboration avec Iyas Hasan, de Lyon-2 lui aussi. Dès la rentrée 2000, je me suis également rendu à l’Institut des Sources chrétiennes où le P. Dominique Gonnet m’a réservé le meilleur accueil et nous avons créé, en collaboration ensuite avec Jean-Baptiste Yon de la Maison de l’Orient, un séminaire de syriaque que je perpétue sous diverses formes jusqu’à nos jours.

 Georges BOHAS, Professeur émérite d’études arabes à l’ENS de Lyon,
membre correspondant de l’Académie de langue arabe de Damas,
novembre 2020


Pour citer ce texte : Georges BOHAS, Rentrée 2000, Bulletin de l’association des élèves et anciens élèves des ENS de Lyon, Fontenay, Saint-Cloud, n°2, 2020, p. 43.