La scolarité d'une Fontenaysienne matheuse

Issue d'une famille rouennaise modeste (père ouvrier chef d'équipe dans une usine, mère couturière à domicile), j'ai suivi la scolarité classique des futures fontenaysiennes de l'époque : École primaire, École primaire supérieure (ancêtre des collèges actuels), École normale d'institutrices de Seine-inférieure (elle ne deviendra « maritime » qu'en 1955), classe préparatoire à l’ENS de Fontenay-aux-Roses au Lycée Fénelon à Paris. J'ai bénéficié de bourses depuis mon entrée en École primaire supérieure jusqu'à mon entrée à Fontenay.

Ma scolarité préfontenaysienne a été perturbée deux fois par la guerre 1939-1945

1. L'exode et le concours d'entrée à l'École normale d'institutrices de Rouen de juin 1940. Je devais passer le Brevet élémentaire et le concours d'entrée à l'École normale en juin 1940. Mais les armées allemandes étaient aux portes de Paris et, avec mes parents, comme beaucoup de Français, nous avons fui vers le sud jusque dans le Lot, situé en zone libre après l'armistice du 22 juin. Pour des raisons administratives complexes, les autorités allemandes ne nous ont permis de regagner Rouen en zone occupée que fin septembre, trop tard pour passer le concours d'entrée des Écoles normales qui avait été reporté début septembre. J'ai donc dû redoubler ma classe de 3e et passer ce concours l'année suivante, en juin 1941. Mais Pétain ayant fermé les Écoles normales primaires et supprimé le Brevet supérieur (loi du 18 septembre 1940), les élèves-maître(sse)s, toujours recrutés par concours, sont désormais scolarisés dans les lycées et passent le baccalauréat (loi du 28 novembre 1940). Une deuxième mesure de Pétain (loi du 2 juin 1941) est relative au « statut des juifs ». Rompant avec le principe républicain de respect de la conscience des employés au service de l'État, elle interdit aux juifs toute une série de professions, dont celle d'enseignant. Cette loi s'appliquant aussi aux communistes et aux francs-maçons, j'ai donc dû rédiger un texte dans lequel je jurais n'être « ni juive, ni communiste, ni franc-maçonne » pour être admise élève-maître au lycée Corneille. J'entre donc au lycée Corneille de Rouen (le lycée de garçons, le lycée Jeanne d'Arc des filles étant occupé par les Allemands) en seconde, section M' (section M avec une seule langue vivante) réservée aux normaliennes. En 3e année, mes bons résultats en maths font que je suis autorisée, seule de ma promotion, à continuer en Mathématiques élémentaires avec les lycéennes.

2. Le débarquement et le baccalauréat de juin 1944. Après l'écrit passé normalement début juin, les copies des candidats de Rouen sont envoyées pour correction au rectorat de Caen (Rouen faisait partie de l'académie de Caen). Mais, avec le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie le 6 juin, Caen est soumise à d'intenses bombardements et les copies brûlent dans l'incendie du rectorat. Les épreuves écrites doivent donc être recommencées. Elles auront lieu en août dans des conditions difficiles : Rouen est l'objet de bombardements intenses et répétés, surtout sur la rive gauche de la Seine où s'entassent désespérément les Allemands fuyant vers le nord, alors que les ponts sont détruits. Le lieu choisi pour les épreuves écrites est un cinéma de la rive droite de la Seine, moins dangereuse que la rive gauche, mais qu'on ne peut atteindre qu'en traversant la Seine en barque. L'écrit se passe avec plusieurs alertes et le responsable des épreuves prend des risques en nous demandant de ne pas quitter la salle d'examen pendant celles-ci. Les copies devaient être envoyées à Paris pour correction. Paris ayant été libéré (25 août) avant Rouen (30 août), elles seront finalement corrigées sur place et, étant données les conditions locales, il n'y aura pas d'oral. Les résultats du baccalauréat ont été publiés dans le numéro du Journal de Rouen daté du 25 août 1944, le dernier publié sous l'occupation allemande, réduit à une seule page de petit format. C'est ainsi que j'ai appris que j'étais reçue au bac avec la mention Très bien.

3. La classe préparatoire. Mes parents, heureux de mon succès, n'envisagent pas que je poursuive mes études et considèrent d'une part, avec une certaine satisfaction, que je ne vais plus être à leur charge en devenant salariée, et, d'autre part, que le métier d'institutrice représente un net progrès social par rapport à leur situation, ne nécessitant pas d'aller au-delà. Mais la Directrice du Lycée, s'étonnant qu'avec ma mention Très bien au baccalauréat, je ne demande pas à m'inscrire à une classe préparatoire aux grandes écoles, prend l'exceptionnelle et heureuse initiative de venir voir mes parents à leur domicile pour les convaincre d'accepter que je poursuive mes études en envisageant de préparer l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses qui me permettrait de devenir professeur. C'est grâce à cette intervention exceptionnelle que je suis devenue fontenaysienne. Je suis toujours reconnaissante à cette directrice d'avoir réussi à convaincre mes parents d'accepter que je prépare l’ENS de Fontenay.

Je suis admise au Lycée Fénelon dans la classe préparatoire à l'ENS de Fontenay. Fénelon n'ayant pas d'internat je dois me loger, mais où ? Mes parents n'ont aucune relation avec des Parisiens qui pourraient m'héberger. Grâce à l'intervention du patron de mon père dont la fille est logée dans un foyer de jeunes filles tenu par des religieuses, rue de Picpus, je suis acceptée dans cet internat. Ma première impression de la classe préparatoire de Fénelon est très déprimante. En effet, outre des élèves fraîchement issues du baccalauréat comme moi, d'autres ont déjà préparé le concours pendant une ou deux années, mais ne l'ont pas passé à la session de juin 1944 supprimée à cause du débarquement et reportée en décembre. Quand je compare leurs connaissances aux miennes, je suis complètement affolée. Cela m'a incité à beaucoup travailler pour tenter de réussir le concours après une seule année de préparation car mes parents n'auraient pas pu assurer une seconde année de pension à Paris. Ainsi, la seule sortie que je me suis autorisée dans cette année scolaire fut celle du 8 mai 1945 sur les Champs-Élysées... Ce travail a été récompensé par mon succès en option maths-physique au concours de juin 1945. Je suis la seule de la promotion à être reçue avec une seule année de préparation, et en bonne place : 5e sur 15 reçues et 89 candidates. J'ai pourtant eu des difficultés avec l'épreuve de travaux pratiques de sciences naturelles (curieusement obligatoire pour les matheuses) : j'ai dû « tenter » de disséquer un escargot... mais je me suis rattrapée en maths, efficacement soutenue par ma professeur de mathématiques de prépa, Madame Domange, qui suivait assidûment l'oral de ses élèves et les encourageait au besoin.

Ma scolarité à Fontenay-aux-Roses

La Libération a changé le nom de l'École (décret du 19 février 1945) : d'« École normale supérieure préparatoire à l'enseignement dans les collèges » elle devient « École normale supérieure préparatoire à l'enseignement du second degré ». L'option « ancien régime » en deux années d'études disparaît et tous les élèves préparent une licence en deux ans, la troisième année étant consacrée à la préparation du CAEC (Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les collèges), ancêtre du CAPES actuel. Sur les quinze élèves de la promotion, neuf choisissent l'option maths-physique et six l'option chimie-sciences naturelles. Alors que ces dernières suivent les cours en Sorbonne, ce qui leur permet de sortir quasi quotidiennement à Paris, les matheuses ont tous leurs cours à l'École, ce qui les prive de ces sorties... En première année nous préparons le certificat de mécanique rationnelle et la moitié du programme des deux gros certificats de calcul différentiel et intégral et de physique générale que nous passons en seconde année. Les cours de maths sont assurés par Henri Villat, professeur de mécanique des fluides à la Sorbonne et membre de l'Académie des Sciences. Son premier cours est si rapidement exécuté que je n'y comprends rien. Je me précipite alors chez la directrice pour changer d'option. Mais elle est absente. Fort heureusement, je comprends mieux le second cours ce qui me décide à rester matheuse. Le cours de physique est assuré par le professeur Alfred Kastler, futur prix Nobel de physique en 1966. Les travaux pratiques sont dirigés par Mademoiselle Biard, professeur adjointe à l'École, et le « petit Cabannes » (dont le père est professeur de physique en Sorbonne), tout juste sorti de la rue d'Ulm et assez dilettante à l'époque, qui nous propose souvent des exercices qu'il n'avait pas préparé et où il lui arrivait de sécher... Les cours de chimie sont assurés par deux professeurs de la Sorbonne : la chimie organique par Charles Prévost et la chimie générale par Chrétien. Celui-ci s'étant rendu compte que la chimie ne nous intéressait guère (elle n'intervenait en effet au CAEC que par un montage expérimental), nous lança un jour : « Si la science ne progresse pas, c’est à cause de gens comme vous. »

En 3e année, pour la préparation du CAEC, nous avons eu un cours remarquable de géométrie par un professeur de classe préparatoire, Monsieur Perrichet. J'ai encore le souvenir de son cours sur les coniques qui m'avait enthousiasmée. Un autre professeur du secondaire, Monsieur Duménil, assurait un cours de physique et quelques travaux pratiques de chimie. Comme apprentissage à notre futur métier d'enseignante, nous avons bénéficié d'un très court stage dans un lycée. Je suis allée une semaine au lycée de Sceaux dans les classes de Madame Pic.

Une quatrième année d'étude est accordée exceptionnellement pour préparer l'agrégation. Seules deux élèves de l'option maths-physique en ont bénéficié (Madeleine Taleux et Aline Viellescazes) et une seule en option chimie-sciences naturelles (Madeleine Mercier). Une autre matheuse la préparera plus tard (Hélène Vergne) de sorte que dans ma promotion de quinze élèves, quatre seulement seront agrégées.

Le concours du CAEC se passe normalement en juin 1948. Mais cette année-là, il n'y a qu'un seul jury pour les deux concours masculin et féminin et il se trouve que les garçons passent les épreuves orales en premier de sorte que les filles ont un oral qui dure jusqu'en août. En cette période, seules les neuf matheuses sont présentes à l'École, toutes les autres élèves étant en vacances. La directrice, Mademoiselle Marguerite Dard, une philosophe de la promotion 1906, est venue bavarder avec nous pendant un repas. Au cours de la conversation elle a été amenée à nous dire : « Il faut qu'une femme ait un homme dans sa vie ». Bien sûr nous acquiesçons, la plupart d'entre nous connaissant un garçon. Et quand elle ajoute « Moi, c'est Pascal » nous plongeons le nez dans nos assiettes...

Mademoiselle Dard a été directrice de l'École de 1935 à 1943. Limogée par Vichy au moment de la réforme de l'École , elle est rétablie dans ses fonctions après la Libération en août 1944. Elle est très discrète et se montre peu. En revanche, l'économe, Mademoiselle Alice Mathieu, est beaucoup plus présente et elle aime bien rôder dans les couloirs pour connaître les petites histoires personnelles de chacune d'entre nous.

La vie à l'École

L’ENS de Fontenay-aux-Roses comprenait trois bâtiments. Le bâtiment I abritait des salles de cours pour les littéraires, des chambres d'élèves et le réfectoire ; le bâtiment II, l'entrée avec le buste de Félix Pécaut (à l'origine de la création de l'ENS de Fontenay en 1880), le parloir et quelques salles pour les littéraires ; le bâtiment III (disparu en 1959) toutes les salles de cours et de travaux pratiques pour les scientifiques, la bibliothèque scientifique, le bureau de Mademoiselle Biard et, au-dessus, sur deux étages, des chambres de scientifiques. Ce bâtiment était un peu à l'écart des autres auxquels il était relié par une longue galerie vitrée, la galerie pompéienne. Quatre naturalistes de ma promotion (Jane Beauchamp, Suzy Escafré, Clarisse Fayoux et Suzanne Lambert) et trois des neuf matheuses (Suzanne Bellebon, Thérèse Niatel et moi) étaient logées dans ce bâtiment III. Je suis restée trois ans dans la même chambre qui me plaisait beaucoup car sa fenêtre donnait sur la ville de Fontenay. Nous avions des chambres individuelles avec un lavabo et un robinet d'eau froide. Pour prendre une douche, il fallait se rendre aux douches municipales de la ville, ce qui était une occasion de sortie, souvent le samedi après-midi. À 22 h 30, l'électricité était coupée dans les chambres. Un soir où il fallait absolument que, matheuses, nous terminions un devoir à rendre le lendemain, nous avons découvert une lampe à pétrole dans un grenier. Nous nous sommes installées dans ma chambre qui ne donnait pas sur les autres bâtiments de l'École et avons poursuivi notre travail. Quand brusquement la porte de la chambre s'ouvrit et l'économe apparut en chemise de nuit blanche, son chat dans les bras. Elle faisait sa ronde et avait probablement aperçu de la lumière sous ma porte. Elle nous a immédiatement confisqué la lampe à pétrole...

Pendant mes trois années de scolarité à Fontenay-aux-Roses, les tickets de rationnement instaurés sous le régime de Vichy existaient toujours et la nourriture que nous préparait l'Économe n'était pas très bonne. Je me rappelle en particulier les légumes déshydratés de tous les dimanches midi où nous déjeunions en réalité à 11 heures pour libérer le personnel assez tôt. Mais nous étions assez bien organisées pour l'améliorer. Nous avions formé un petit groupe de cinq (quatre naturalistes du bâtiment III et moi), toutes provinciales, et nous rapportions des colis à la rentrée des vacances et que nous partagions dans la chambre de Jane Beauchamp. Je me souviens d'un réveillon où Clarisse Fayoux originaire du Périgord avait apporté du foie gras et Suzy Escafré, bordelaise, une bouteille de Sauternes pour l'accompagner.

Le plus contraignant dans la vie des Fontenaysiennes était le cahier de sortie situé dans l'entrée, devant la loge de la concierge. Nous devions le signer à chaque sortie en indiquant l'heure et le lieu de la sortie et, au retour, l'heure de la rentrée, même pour les courtes sorties, comme aller poster une lettre ou téléphoner (il n'y avait pas de téléphone pour les élèves à l'École). Nous devions déposer les nom et adresse des correspondants à Paris. Nous pouvions les visiter uniquement du samedi avant 18 heures au dimanche avant 19 heures.

Le problème le plus difficile à résoudre se posait à l'occasion du Bal de Saint-Cloud qui se tenait un samedi soir dans les salons du rectorat dans les locaux de la Sorbonne. Mais nous avions concocté un scénario efficace mais un peu compliqué. Nous sortions le samedi vers 18 heures (après avoir dîné rapidement dans la chambre de l'une d'entre nous) en indiquant sur le cahier de sortie que nous allions chez notre correspondant. En attendant l'heure du bal, nous nous promenions sur le boulevard Saint-Michel où nous retrouvions nos amis cloutiers et nous entrions dans les salons du rectorat vers 22 heures. Nous fermions le bal au petit matin et, à cette heure il était impossible de rentrer à Fontenay. Nous prenions le premier métro et profitions du trajet de la ligne 10 d'alors qui faisait une boucle à Auteuil ce qui nous permettait de revenir à notre point de départ sans changer de métro et de rester dans le même wagon pour y sommeiller un peu. Après cette attente en métro, nous pouvions rentrer à Fontenay vers 9 heures, clandestinement, sans signer le fameux cahier de sortie, au moment où nos camarades qui n'étaient pas venues au bal sortaient pour aller à la messe. Nous pouvions alors dormir dans nos chambres et prendre un déjeuner frugal dans la chambre de l'une d'entre nous. Pour achever le « séjour chez notre correspondant » comme indiqué sur le cahier de sortie, il fallait sortir clandestinement le dimanche après-midi sans signer le cahier de sortie et rentrer normalement vers 18-19 heures en signant le cahier, comme si nous revenions de chez notre correspondant. En 3e année nous avions trouvé une solution bien plus simple pour le retour du bal : nous avions fait un trou dans le grillage du fond du parc, et « faisions le mur » non pas pour sortir de l'École, mais pour y rentrer le dimanche matin avec le premier métro.

Notre situation financière était souvent difficile, vu nos origines familiales, même si l'Économe nous versait un modeste « pécule » de 150 francs par mois. Cette somme permettait tout juste à Simone Lambert qui habitait Nice de payer son billet pour aller chez ses parents. Il n'y avait aucune distraction à Fontenay et nos sorties étaient aussi peu dépensières que possible. Elles consistaient en promenades à Paris l'hiver et en excusions en banlieue en été, avec nos collègues cloutiers (vallée de Chevreuse, forêt d'Ermenonville, baignades dans la Marne ou l'Oise...).

Nous avions toutefois la possibilité de suivre des cours facultatifs d'éducation physique à l'ENS d'éducation physique de Châtenay-Malabry les samedis après-midi, après quoi nous prenions une douche aux bains-douches municipaux de Fontenay. Je n'ai manqué aucun de ces cours. Bien m'en a pris. Car le ministère de l'Éducation nationale a eu l'excellente initiative d'organiser à partir de 1946 des stages d'Éducation physique et sportive pour les élèves des quatre ENS (Ulm, Sèvres, Saint-Cloud, Fontenay-aux-Roses) dans des CREPS (Centres régionaux d'éducation physique et sportive). La seule condition pour y participer était d'avoir suivi régulièrement dans l'année les cours d'éducation physique de l'école. Ce qui était mon cas. Le premier stage a eu lieu à Dinard en août 1946. Ce fut une expérience formidable que ces trois semaines au bord de la mer avec des activités physiques variées, des baignades, des promenades en mer ou dans la campagne environnante. Le second stage en 1947 a encore eu lieu à Dinard et fut aussi intéressant que le premier. Je n'ai pas pu bénéficier du stage de 3e année en 1948 à Strasbourg à cause de l'oral du CAEC des filles qui s'est prolongé en août et je l'ai vraiment regretté. Ces stages ont été très appréciés des normaliens et normaliennes qui y ont participé, d'autant plus qu'ils étaient l'occasion de faire connaissance avec des élèves de l'ENS sœur (Saint-Cloud pour moi) ou des autres ENS (Ulm et Sèvres). Certaines des relations ainsi établies ont été durables et ont abouti dans ma promotion à trois mariages avec des cloutiers : Jane Beauchamp et Pierre Auriacombe (43 S SC), Jeanne Dublanchet et Henri Denise (44 S SC), et moi-même et André Beaumont (43 S SC).

Mai 1947. Huit des neuf matheuses de la promotion 1945 et leur professeur de physique, Alfred Kastler, futur prix Nobel 1966. De gauche à droite, debout : Madeleine Taleux, Aline Vieillescazes, Alfred Kastler, Suzanne Bellebon, Denise Boulet, Marie-Thérèse Niatel. Assises : Jeanne Dublanchet, Hélène Vergne , Josette Romeu. Il manque Marie-Jeanne Salvati. 

Photo archives Denise Beaumont


J'ai conservé, encore aujourd'hui, soixante-dix ans après une scolarité de trois ans à Fontenay, un excellent souvenir du temps passé dans cette école. Si nous regrettions de ne pas aller à la Sorbonne suivre les enseignements, comme les naturalistes. ce qui nous privait de la promenade traditionnelle des étudiants sur le « Boul’ Mich’ », les cours donnés à l'école à un petit effectif de neuf élèves ont soudé la promotion des matheuses et créé des amitiés durables. Loin d'être triste, notre vie à l'école était conviviale et nous étions vraiment heureuses. Fontenay ne méritait pas les surnoms de « cloître studieux » ni de « Port-Royal laïque » que certains lui attribuaient à l'époque.

Denise BEAUMONT-BOULET (45 S FT)

Après l’École

A ma sortie de Fontenay en 1948, je suis nommée à l’école normale d'institutrices d'Évreux. Je n'obtiendrai une mutation qui me rapprochera de mon domicile qu'en octobre 1954. Je me marie en avril 1950 et nous avons la chance de trouver un tout petit appartement à Vitry-sur-Seine. Mon mari étant assistant en Sorbonne, je conserve ma chambre à l’école normale d'Evreux et reviens deux fois par semaine à Vitry. En janvier 1952, je deviens maman d'une petite fille et, après mon congé de maternité, je dois trouver une location à Evreux où mon mari me rejoint les week-ends. En octobre 1954, nous déménageons à Versailles dans un plus grand appartement et je suis mutée à l'école normale d'instituteurs de Chartres ce qui me permet de rentrer tous les jours chez moi et d'avoir enfin une vie familiale normale. Je suis mère d'une deuxième fille en décembre 1954. Je reste deux ans à Chartres et, en octobre 1956, je suis mutée au Lycée de jeunes filles de Versailles, enfin dans la ville de mon domicile, ce qui supprime les déplacements que j'effectuais depuis six ans. Je suis mère d'un troisième enfant en juillet 1956. En juin 1960, nous déménageons à Orsay où je bénéficie d'un poste définitif au Lycée. J'y resterai jusqu'à ma retraite en 1978.