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De Fontenay à Lyon, du concours à la vie étudiante


Dès que la décision a été prise par l’État en 1996 de délocaliser l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud de Fontenay-aux-Roses à Lyon 7e, le compte à rebours a été lancé pour l’ensemble de son personnel et de ses élèves. Ce qui a provoqué de multiples débats quant à l’avenir de l’École et de ses composantes.

Suivra ou suivra pas ? Telle était la question que l’ensemble du personnel s’était posée pendant plusieurs mois avant qu’il ne se dégage trois groupes. Ceux qui ont choisi de rester, ceux qui ont décidé de suivre mais seulement temporairement et ceux qui ont fait le choix d’être délocalisés avec l’École. Pour ma part, j’ai choisi avec ma famille de vivre une nouvelle expérience professionnelle et personnelle loin du stress parisien.

Avant de prendre possession des nouveaux bâtiments de l’ENS LSH, nous avons eu des présentations à travers des plans, des maquettes et de très belles illustrations des architectes Gaudin père et fils. Sur un site de près de 8 hectares et 54 000 m² de surface construite, les bâtiments vieillissants de Fontenay sont alors troqués pour des bâtiments spacieux et aux formes futuristes. Et l’abandon du « jardin-cloître » de Fontenay composé d’arbres centenaires a été compensé par le « jardin en mouvement » créé par Gilles Clément. Un havre de paix où différentes espèces végétales remplissent librement tout l’espace qui leur est dédié sous l’œil bienveillant de Michel Salmeron, le jardinier en chef.

Dès le mois d’août 2000, tout le personnel de l’École s’est attelé à essuyer les traces plâtrées de la fin de certaines parties du chantier. Si les salles de cours et la bibliothèque Diderot étaient pratiquement installées, ce n’était guère le cas de la partie administrative. Certes, de très beaux espaces avaient été affectés à chacun des services mais il fallait faire preuve de patience pour réceptionner le mobilier. En attendant, nous avons donc composé avec le mobilier rapporté de Fontenay-aux-Roses.

Sur le plan humain, la délocalisation de l’École a permis au personnel fontenaisien de renforcer des liens d’amitié et d’en créer de nouveaux avec les collègues lyonnais. Des systèmes d’entraide ont été, tout naturellement, mis en place : offre d’hébergement, garde d’enfants…

Le 11 décembre 2000, vint enfin le jour de l’inauguration de l’ENS LSH avec comme toile de fond l’œuvre d’Albert Ràfols Casamada. Une manifestation qui traduisait l’atout considérable que représente l’installation d’une telle École à Lyon et son impact sur le développement du pôle universitaire dans le domaine des lettres, langues, sciences humaines et sociales.

Pour ma part, j’ai fait mes premiers pas à l’ENS en 1996, en tant que responsable des concours d’entrée à Fontenay, puis à Lyon où l’ENS LSH a accepté en septembre 2001, en liaison avec le SCEI[1] (Toulouse), la charge de l’inscription des candidats à ses concours ainsi que celle des candidats littéraires aux ENS de Paris et de Cachan dans un « service commun d’inscription aux filières littéraires des ENS ».

En 2002, en tant qu’adjointe à la directrice des études, j’ai répertorié l’offre de formation et coordonné les maquettes pédagogiques proposées par les responsables de département et correspondant aux 27 spécialités du master de l’École cohabilité avec les universités voisines ; c’était une préparation en amont du passage de l’ENS LSH au système LMD (Licence, Master, Doctorat) permettant à l’École d’acquérir la qualité d’établissement diplômant pour le niveau M. Pour accompagner le suivi administratif des formations du nouveau parcours LMD : emplois du temps, gestion des secrétariats, organisation des jurys, etc., le service des enseignements a été mis en place en 2004 et j’y ai été affectée en tant que responsable.

En 2007, j’ai été nommée responsable du service de la vie étudiante à l’ENS LSH. Un nouveau service et de nouvelles missions adaptées aux récentes transformations de l’École : diplôme de l’ENS LSH, bureau des stages, suivi des associations étudiantes, fonds de solidarité des initiatives étudiantes… En 2010, après la fusion des deux Écoles, Lettres et Sciences, j’ai été reconduite dans mes fonctions en tant que responsable du service de la vie étudiante et vie de campus en intégrant à mes missions le volet scientifique.

Un groupe du lycée Marcel Sembat (dispositif Trait d’Union) devant la porte de l’ENS LSH. Photo W. Fawzi.

Parallèlement et dans le cadre des dispositifs d’égalité des chances, j’ai été chargée en 2006 par la direction de l’ENS LSH de piloter des projets d’ouverture sociale en partenariat avec l’ENS Sciences et l’EM Lyon, dont le programme « Trait d’Union ». Un programme qui a permis à des collégiens et des lycéens de bénéficier d’un tutorat régulier par les élèves des trois écoles partenaires et de participer à des projets pédagogiques et culturels aussi bien dans leurs établissements scolaires que dans les locaux de l’ENS LSH : ateliers linguistiques, activités culturelles au théâtre Kantor ainsi que des séjours en immersion dans la vie d’une Grande École. « Trait d’Union » a généré une réelle dynamique autour d’initiatives portées par les élèves et les collègues enseignants et administratifs.

En 2010, la direction de l’École a souhaité donner un nouvel élan aux actions d’ouverture sociale menées par l’établissement depuis 2006. C’est ainsi que j’ai été chargée de coordonner la mise en œuvre de classes préparatoires à l’enseignement supérieur (CPES), organisées en deux filières : l’une, littéraire, en partenariat avec l’université de Lyon-1-IUFM, l’autre, scientifique, en collaboration avec le lycée de La Martinière. Ces classes passerelles visent à préparer des bachelières et bacheliers motivés, de filières générales ou technologiques et boursiers à poursuivre avec succès leurs études supérieures après une année de renforcement de leur culture générale, de perfectionnement méthodologique et d’apprentissage du travail en autonomie. A ce jour, ces deux classes poursuivent leur mission initiale.

Vingt ans après, c’est avec un sentiment de fierté que je garde le souvenir des années passées au sein de cet établissement qui m’a permis de porter des projets et de participer à des chantiers tout aussi constructifs que variés, aux côtés de femmes et d’hommes dotés de vraies qualités humaines et d’une formation humaniste. Des qualités qui ont placé l’ENS LSH dans le continuum naturel de l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud.

Wafaâ FAWZI, Ingénieure d’études,
Responsable de services à Fontenay Saint-Cloud,
puis à l’ENS de Lyon de 1996 à 2015,
Lyon, 12 avril 2021


[1] Service des concours des écoles d’ingénieurs. (Note des éditrices)

Pour citer ce texte : Wafaâ FAWZI, De Fontenay à Lyon, du concours à la vie étudiante, Bulletin de l’association des élèves et anciens élèves des ENS de Lyon, Fontenay, Saint-Cloud, n°1, 2021, p. 77.