Entre dans la rubrique Mémoires des ENS un témoignage déjà publié dans le Bulletin il y a exactement trente ans et qui est désormais illustré. Il a été rédigé par Éloi Bousquet (1881 S SC), élève de la promotion dite de Sèvres appelée aussi "cours préparatoires de Sèvres" et a été transcrit par son arrière-arrière-petit-fils, Philippe Bousquet (1991 L SC).
Le premier siège de l'ENS de Saint-Cloud ou plutôt le siège de sa préfiguration fut en effet l'ancienne manufacture de Sèvres dont les locaux étaient vacants depuis 1876. Le titre de professeur d'École normale, sciences ou lettres, venait d'être créé (1880) et il fallait des candidats bien préparés à ce professorat. Une vingtaine de maîtres-adjoints des Écoles normales furent désignés sans concours par les recteurs pour bénéficier des formations de sciences ou de lettres conçues dans ce contexte et organisées par le directeur, Diogène Bertrand, qui bénéficia des conseils de Ferdinand Buisson.
Éloi Bousquet (1881 S SC), déjà marié et père de famille, fit partie des élèves scientifiques et rédigea à l'intention de son petit-fils des carnets restés inédits. Logé dans l'internat de fortune de Sèvres, il suivit sur place les cours de mathématiques, psychologie et littérature. En revanche, faute, sur place, de salles équipées pour les cours de "sciences physiques et naturelles", il prenait le train de Paris et revenait le soir en bateau. Ces jours-là, les élèves étaient accompagnés par leurs professeurs dans des laboratoires prestigieux, par exemple, au Collège de France, celui de Marcellin Berthelot, professeur de chimie organique et celui d'Eleuthère Mascart, professeur de physique générale. Deux de leurs professeurs faisaient cours dans leurs laboratoires : Edmond Perrier, professeur au Muséum d'histoire naturelle à compter de 1876 et qui enseigna à l'ENS de Saint-Cloud de 1881 à 1919, et Désiré Gernez au lycée Louis-le-Grand.
Éloi Bousquet ne cache pas qu'il travailla "énormément" et réussit son concours.

"J'aurais été l'homme le plus heureux du monde si j'avais eu ma famille avec moi. Mais ta grand-mère et ton père étaient à Gruissan et j'avais une santé qui n'était pas brillante."

On sait relativement peu de choses sur cette première promotion évoquée notamment - avec émotion - par un élève littéraire, Émile Devinat, "Les cours préparatoires de Sèvres" et - avec satisfaction - par un professeur scientifique, Edmond Perrier, dans le Livre-souvenir (1881-1906), Paris, École normale supérieure d’enseignement primaire de Saint-Cloud, 1907, 372 p. (Gallica). Ce Livre-souvenir donne la liste des élèves de 1881 (p. 344). Elle inclut Louis Bouvier élu en 1902 à l'Académie des sciences. Voir aussi le Bulletin de Saint-Cloud, janvier-avril 1926, n°1, "Numéro annuaire", en particulier les p. 11-13 (les p. suivantes donnent les noms des enseignants de 1881 à 1926).

Lire ou relire l'extrait des carnets d'Éloi Bousquet transcrit par Philippe Bousquet
https://alumni.ens-lyon.fr/fr/page/carnets-d-eloi-bousquet-1881-1

Première publication : Philippe Bousquet, "Éloi Bousquet (1881 S SC)", Bulletin  de l'association amicale des élèves et anciens élèves des Écoles normales supérieures de Lyon, Fontenay-aux-Roses, Saint-Cloud et Fontenay/Saint-Cloud,n°1, 1993, p. 51-53 .

Illustration ci-dessus : Éloi Bousquet. Archive familiale. Droits réservés.

En savoir plus sur le Centre de Sèvres qui abrita l'ENS de jeunes filles à compter de décembre 1881: Tristan Lecoq (1978 L SC) et Annick Lederlé, Le centre international d’études pédagogiques à Sèvres. Une histoire plurielle d’un lieu singulier,  Sèvres, CIEP,  2010, ch. 1881-1940 .
https://www.france-education-international.fr/document/le-ciep-une-histoire-plurielle-dun-lieu-singulier