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Avant-propos de la première partie


Pluridisciplinaires, les ENS de Fontenay-aux-Roses pour les jeunes femmes et l’ENS de Saint-Cloud pour les jeunes gens, créées respectivement le 13 juillet 1880 et le 22 décembre 1882, ne sont mixtes qu’à la rentrée de 1981. Chacune garde son nom et son administration et continue d’accueillir des scientifiques et des littéraires au sens large. Le décret du 24 juillet 1985 les dissout à la date du 10 juillet 1987 et crée l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud pour les littéraires et l’ENS de Lyon pour les scientifiques. La première rentrée des scientifiques se fait à Lyon, quartier de Gerland, en 1987, le directeur étant Guy Aubert (1985-1994). L’anniversaire a été fêté en 2017. Sous la direction de Sylvain Auroux (1995-2005), l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud rejoint le même quartier de Lyon le 1er septembre 2000 et affiche le nom ENS Lettres et sciences humaines (ENS LSH). Œuvre de l’Atelier d’architecture Henri et Bruno Gaudin, l’École témoigne d’une architecture à la fois fonctionnelle et d’une grande recherche esthétique, mise en valeur par les jardins dessinés par Gilles Clément et Guillaume Geoffroy Dechaume. Le chantier est quasiment achevé pour l’inauguration le 11 décembre. L’État avait financé 28% de l’opération, le reste étant assumé par les collectivités locales (Région, département du Rhône, Grand Lyon, ville de Lyon). Sur le terrain fermé de 7,5 hectares, outre l’École (15 000 m2), sont implantées une résidence étudiante et sa salle festive, un hôtel des invités, un restaurant, des installation sportives et surtout une bibliothèque universitaire (14 000 m2) assez vaste pour rassembler sous un même toit plusieurs unités : (1) les bibliothèques de Saint-Cloud et de Fontenay enfin rassemblées et vite augmentées par le dépôt du fonds slave de la Compagnie de Jésus et les dons et legs importants d’anciens élèves, (2) la bibliothèque interuniversitaire Lyon-2/Lyon-3 et bientôt (3) la bibliothèque de l’INRP. Le programme VDIM (Voix – Données – Images – Multimédia), conçu pour « généraliser l’utilisation des nouvelles technologies de communication dans les processus d’enseignement de l’École », réalise le câblage intégral du site, l'accès à internet à haut débit, un équipement généreux en postes de travail, et installe des services de captation/production/diffusion de vidéos numériques. La bibliothèque achève son informatisation et son catalogue est bientôt entièrement numérisé. Ce câblage général et la distribution de badges multifonctions permettent de donner aux élèves l’accès nocturne à des salles de la bibliothèque de l’École.

Avant d’être refondée à Lyon, l’ENS littéraire avait réorganisé son administration sur le principe « une fonction, un(e) responsable, un budget » : l’enseignement en départements et sections avec ajout des sciences économiques et sociales en 1996 ; son service de scolarité (suivi des élèves). Elle avait créé ses services communs : informatique (SIC), audiovisuel et multimédia (SCAM), formation continue, centre de ressources langues. Son service ENS Éditions trouva à Lyon le moyen de se professionnaliser jusqu’à offrir 13 collections et 13 revues en 2020. A l’arrivée en 2000 à Lyon, les difficultés ne manquaient pas. Le renouvellement du personnel à 80% ralentissait la mise en place des services ; les nouvelles technologies étaient difficiles à dompter et même à stabiliser, du moins la première année. La moitié du personnel enseignant n’avait pas suivi l’École. Il fallut recruter et réorganiser la recherche dans un contexte différent, en développant les relations internationales « impactées » à plusieurs niveaux par la délocalisation.

Est-il possible de célébrer utilement l’installation à Lyon de l’ENS LSH ? Le programme de l’École le prouvera en 2020-2021. Et ici ? Dans cette première partie du dossier, le Bulletin a recueilli un texte de Sylvain Auroux, daté de 2000 puis une dizaine de témoignages écrits à l’automne 2020 dans le contexte que nous connaissons (menaces climatiques, sanitaires, terroristes, inquiétudes sur les libertés académiques). Des textes courts communiquent des impressions sur la première rentrée vingt ans après. Viennent ensuite des témoignages sur les premières années jusqu’à la fusion des lettres et des sciences en 2010, parfois un peu au-delà. Ils soulignent moins les conflits anciens que les « liens qui demeurent » (Matthieu Lefrançois p. 56) et les contradictions qui subsistent dans une École LSH à jamais au moins double, « jeune et vieille, héritière et républicaine, politique et batailleuse » (Th. Poirot, p. 57). La définition, aussi mémorable que provocante de l’École en « cloître républicain » (S. Auroux) revient ici et là, non sans cause. Elle rappelle les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité qui justifient le dynamisme d’un établissement dont les missions continuent de s’élargir depuis l’installation lyonnaise, même « hors les murs » (T. Sardier, p. 61).

L’association remercie les auteurs de cette première partie du dossier : enseignants, membres du personnel et jeunes anciens élèves. Les deux parties à venir (juin et décembre 2021) évoqueront le transfert de la bibliothèque de l’École à Lyon, d’autres disciplines, d’autres services et d’autres aspects des apports de l’ENS LSH.

Christine de BUZON (71 L FT), novembre 2020


Pour citer ce texte : Christine de BUZON, Avant-propos de la première partie [Anniversaire des vingt ans de l’installation lyonnaise de l’ENS LSH (2020-2021)], Bulletin de l’association des élèves et anciens élèves des ENS de Lyon, Fontenay, Saint-Cloud, n°2, 2020, p. 37.