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Désert, déserts de Marie Gautheron et l'Atlas des déserts de Ninon Blond et Aurélie Boissière

Publications

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29/06/2025

Pourquoi les vastes pays arides et les peuples qui y vivent sont-ils devenus un objet de désir pour l’Occident ? À quels contacts, dans quels contextes s’est inventé l’ultime paysage du désert sec et chaud, après le rivage marin, la haute montagne ? Et de quoi ce grand pays aride et vide est-il aujourd’hui pour nous l’image ? 

 Après sa thèse, L’invention du désert : émergence d’un paysage, du début du XIXe siècle au premier atelier algérien de Gustave Guillaumet (1863-1869) et le commissariat scientifique d'une exposition sur le peintre Guillaumet, Marie Gautheron vient de publier :

Désert, déserts, Du Moyen Âge au XXIᵉ siècle
(Gallimard, 2025, 544 p., coll. Bibliothèque illustrée des histoires)

 L’enquête, menée sur des décennies, porte sur les images du désert dans l'imaginaire occidental, et mobilise l’histoire et l’histoire de l'art, mais aussi l’histoire de la littérature, des religions et de la géographie. Elle analyse sur un temps long, l’histoire intellectuelle et sensible, esthétique et politique des images de désert dans la culture d'expression française, ses mutations dans le cadre de contacts multiples, des déserts d'Orient à la conquête du Sahara ou au Far West américain. Ces images sont d’abord des images mentales, portées par des récits, des poèmes et des musiques, des écrits spirituels, militaires ou scientifiques, entre créations et stéréotypes, entre imaginaires et savoirs positifs, mais aussi des images matérielles, des icônes à la photographie, des images de presse au cinéma ou à l’art vidéo. 

S’agit-il dans cet ouvrage d’une histoire des « métamorphoses du vide » (p. 21) ? Pas seulement parce que textes et images, photos et films sont analysés d’une manière renouvelée. Est en jeu la notion d’image. Comme un texte, une image n’est jamais seule, toujours prise dans un réseau où elle agit ; elle fait partie de la réalité du monde qu’elle ne se borne pas à représenter. Dans le prolongement des études d’Hans Belting, l’anthropologie des images proposée ici invite non seulement à explorer nos images et souvenirs intimes du désert, des déserts mais à mesurer le lien qu’elles établissent entre nous (« corps collectif ») dans un contexte donné. L'ouvrage est pourvu d'une ample bibliographie (p. 481-511), d’une importante iconographie (80 illustrations) et d’un index (p. 513-527).

Agrégée de lettres modernes et docteure en histoire de l'art, Marie Gautheron (1969 L FT) a créé et développé un enseignement d'histoire et théorie de l’art et elle a formé une quinzaine de promotions (1995-2011) à l’ENS de Fontenay-aux-Roses puis à l’ENS de Lyon. Elle s’intéresse depuis longtemps à l’histoire du paysage et en particulier à l’histoire des représentations du désert. Elle a contribué en 2015 au Cahier Dakar-Djibouti (et publié "Retour sur la mission Dakar-Djibouti  la remise en circulation des savoirs et des objets", La Vie des idées, 2 nov. 2012 . Voir ses publications sur la page IdRef et lire un extrait de Désert, déserts sur la page de l'éditeur.

Ce semestre, Ninon Blond (2010 L Ly), docteure en géographie , maîtresse de conférences à l’ENS de Lyon depuis 2021 et spécialiste de géoarchéologie et d’évolution des socio-écosystèmes dans les milieux désertiques a publié  avec Aurélie Boissière (cartographe ) :

Atlas des déserts,
(Éditions Autrement, 2025, 96 p., coll. Atlas Monde )

"Plus de 90 cartes et infographies font découvrir les déserts du monde et leurs enjeux. Sahara, Takla-Makan, Gobi, Atacama ou Mojaves… Si ces noms font toujours rêver, la réalité géopolitique les replace au cœur des défis contemporains." (d'après présentation éditeur). On peut feuilleter quelques pages sur le site des éditions Autrement pour relire la phrase de Colette, "Le désert est plus beau que tout. Lui seul émeut comme la mer." (Pays connu, 1949, p. 145)
L'ouvrage est concis mais permet de retrouver les déserts dans les arts et les jeux vidéo (à la dernière section de cet Atlas, la map d’Assassin’s Creed, p. 88). Il propose un lexique (le chott, l’erg, les kaluts, le qanat, le salar, le yardang...) et une synthèse sur les ressources mais aussi les risques et les conflits.
Voir le billet avec bibliographie de Ninon Blond sur ArchéOrient-Le Blog.

Ninon Blond a reçu le prix de thèse de géographie 2020 décerné par le Conseil national français de géographie (CNFG) pour son doctorat intitulé Dynamiques sédimentaires holocènes et terrasses agricoles dans les montagnes du Tigray Oriental (Éthiopie), évolutions, trajectoires et fonctionnement d’un paysage palimpseste depuis 8 500 ans . Voir ses publications sur la page IdRef.


Illustration ci-dessus :  Marie Gautheron. Photo Francesca Mantovani-éditions Gallimard. Droits réservés.

 

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