Mathée Giacomo-Marcellesi dans sa bibliothèque, 2021. 

Photo Jean-Toussaint Giacomo, droits réservés.

J’ai d’abord fait un cursus à l’École normale de jeunes filles d’Ajaccio, avec une année en classe de philosophie à l’École normale de Montpellier pour pouvoir préparer le baccalauréat de philo-lettres. En effet à l’École normale d’Ajaccio, on pouvait faire seulement sciences expérimentales. Pour passer le baccalauréat de philosophie, il fallait aller donc à l’École normale de Montpellier et pour passer le baccalauréat de mathématiques, il fallait aller à l’École normale d’Aix-en Provence.

L’École normale primaire, c’était un peu une histoire de famille. Elle avait permis à mes parents d’accéder au statut d’instituteurs : l’École normale d’Ajaccio pour ma mère Marie (1906-1975) l’École normale de Mâcon pour mon père Toussaint (1900-1960). Ma tante Jeanne[1] (1920-1996), sœur de Marie, a connu un parcours bien plus complexe ! Elle avait été aussi élève à l’École normale d’Ajaccio en 1936-1937. Titulaire du Brevet supérieur, elle est nommée au collège de Porto-Vecchio puis, l’année du déplacement d’office de Toussaint et Marie de Porto-Vecchio à Sartène (année 1940-1941), elle a commencé en 1941 des études pour une licence de mathématiques à la Faculté de Marseille. Elle n’avait pas eu la possibilité de préparer l’École normale supérieure comme elle l’aurait souhaité à cause des mesures mises en place par le décret du 15 août 1941 signé notamment par Philippe Pétain et Jérôme Carcopino. Ce décret modifie l’intitulé et le statut des Écoles normales primaires. Jeanne effectue une première année de Propédeutique scientifique à Marseille, puis elle s’inscrit à la Faculté des Lettres d’Alger hébergée par son frère Paul, capitaine d’artillerie et sa belle-sœur. De 1942 à 1946, elle y obtient trois certificats d’études supérieures : mathématiques générales, mathématiques rationnelles, physique générale, puis elle termine sa licence à la Faculté de Montpellier, où elle passe les certificats de calcul différentiel et intégral en 1948. À Alger, elle a connu Albert Camus, l’écrivaine Marie Susini et Mehdi Ben Barka (1920-1965). Elle est nommée maîtresse auxiliaire au collège de jeunes filles d’Ajaccio (1947-1949), puis à Corté et enfin elle est titularisée en 1952 au collège classique d’Ajaccio. En 1956, à la mort de ses parents dont elle s’occupait beaucoup, Marie-Dominique née Culioli et Mathieu Martinelli, elle demande sa mutation pour les Bouches-du-Rhône, elle est nommée au lycée L’Emperi à Salon-de-Provence puis au lycée Montgrand à Marseille. Elle demande ensuite sa mutation pour Ajaccio et elle est nommée au collège des Padule, dans un quartier populaire situé à la sortie d’Ajaccio, aux Salines. 

Ma décision de préparer l’École normale d’institutrices correspondait aussi au projet de préparer plus tard l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses. J’en ai parlé à mon frère Jean-Baptiste[2] (52 L SC, 1930-2019) qui m’a encouragée dans cette voie, d’autant qu’un de ses amis avait effectué ce cursus. Dans l’immédiat, j’étais heureuse de me rapprocher de mon frère Alexandre qui était entré à l’École normale d’instituteurs d’Ajaccio, située boulevard Lantivy. Notre cousine Solange Marcellesi avait également réussi à l’École normale d’institutrices d’Ajaccio, située plus haut sur le cours Grandval. Mes parents recevaient le dimanche des normaliennes et des normaliens venus de notre région de Porto-Vecchio et de Sotta. Certains d’entre eux m’en ont encore parlé récemment en m’exprimant leur gratitude, comme Pierrette Struffi née Castelli. Le passage par l’École normale primaire était pour moi une garantie vers l’avenir en me permettant éventuellement d’avoir une bourse pour poursuivre des études supérieures. J’avais entendu mon père dire à mon frère Alexandre, lorsque celui-ci lui demandait de l’argent de poche : « Tu sais, il faut faire attention, il va falloir payer les études de Mathée ! ». En 1955, aux vacances de Pâques, j’étais allée passer quelques jours à Cuò (commune de Sotta, en Corse du Sud), le hameau de mon père : j’y avais retrouvé André Milanini, fille de l’une de mes nombreuses cousines, Marie Milleliri qui avait épousé Pierre-Jean Milanini quand celui-ci était instituteur à Cuò. Andrée et moi avons intégré l’École normale d’Ajaccio dans la même promotion. Je suis ensuite partie à l’École normale de Montpellier pour faire philo-lettres.

J’ai été admise au Lycée Fénelon, à Paris, en classe préparatoire à l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses. J’étais très confortablement logée au Foyer des lycéennes, rue du Docteur Blanche, dans le XVIe arrondissement. Un car venait nous prendre à midi devant le lycée, rue de l’Éperon, pour nous emmener déjeuner au Foyer des Lycéennes puis il nous ramenait au lycée. Au lycée Fénelon, dans notre petit cercle d’étudiantes communistes, je me suis liée d’amitié avec Jacqueline Longeret-Bibring, fille d’un résistant assassiné et demi-sœur aînée de l’astrophysicien Jean-Pierre Bibring. Elle était petite-fille d’un émigré italien communiste, Carloni, venu de Venise. J’ai connu aussi Hélène Rol-Tanguy, dont j’ignorais, alors, qu’elle était la fille d’Henri Rol-Tanguy (1908-2002), organisateur de la Résistance à Paris. Il était chef régional des FFI d’Île-de-France, et a dirigé la résistance depuis les catacombes, sous le lion de Belfort. Le 25 août 1944, Rol-Tanguy a pu apposer sa signature sur l'acte de reddition de Von Choltitz, aux côtés de celle du général Leclerc, commandant de la 2e DB, avec Kriegel-Valrimont. Hélène est aussi la fille de Cécile Rol-Tanguy née Le Bihan (1919-1920) et j'ai été très émue de voir le film que Patrick Barbéris lui a consacré Cécile Rol-Tanguy, une combattante de la liberté, 2004. Avec Jacqueline et Hélène, nous avions des activités à l’UEC (Union des étudiants communistes) et au syndicat de l’AGPLA (Association générale des préparations littéraires et artistiques). Il y avait dans ma classe Madeleine Baggioni (1942-2009). J’avais remarqué, sur la porte d’une chambre près de la mienne, ce nom corse qui m’était familier. Au hasard d’une conversation au réfectoire du Foyer des lycéennes, nous étions à la même table, elle m’a entendu parler de la Corse, elle m’a questionnée. J’ai découvert qu’elle m’était apparentée du côté de ma mère et du côté de mon père. Elle m’a décrit, sans l’avoir jamais connu, le village de Cuò d’où son grand-père paternel était originaire. Son père et sa mère, Jean et Elisabeth, s’y rendaient parfois à vélo, tous deux grands sportifs, Jean étant même international de rugby.

J’ai été reçue à l’ENS de Fontenay-aux-Roses en juin 1962. Nous avions passé les épreuves écrites à la Bibliothèque Sainte-Geneviève puis les épreuves orales dans les locaux de l’ENS, à Fontenay-aux-Roses, rue Boucicaut. Les résultats ont été affichés sur la porte de l’ENS, et nous sommes allées les voir, mon amie Françoise Mahaut (62 L FT) et moi, avec beaucoup d’émotion. Je suis ensuite rentrée pour les grandes vacances en Corse, avec mon frère et ma belle-sœur, Jean-Baptiste et Christiane (62 I FT) dans leur voiture. Ma mère m’a accueillie en s’exclamant : « Mission accomplie ! ». J’avais ainsi exaucé l’un de ses vœux les plus chers, surtout après le décès de mon père Toussaint, deux ans auparavant. Mon frère Jean-Baptiste avait fait l’École normale de Saint-Cloud et elle voulait tellement que je marche sur ses traces ! Elle-même était fille d’une famille de pauvres cultivateurs et elle dormait dans le grenier, entre les fromages mis à sécher. Quand elle est allée à Ajaccio, pour préparer l’École normale d’institutrices, elle logeait chez un oncle paternel où elle dormait sur un sac de pommes de terre, de sorte que son matelas s’abaissait progressivement au fur et à mesure de la consommation. Et puis, à l’École normale de jeunes filles d’Ajaccio, elle avait eu une professeure de français qui avait été elle-même fontenaisienne et dont elle gardait un souvenir ébloui !

Après les résultats du concours de l’ENS de Fontenay-aux-Roses, les lauréates ont été reçues par l’Intendante qui a fait l’appel. Quand elle a prononcé mon nom, elle a eu cette étrange remarque : « Votre nom n’est pas français ! ». Nous avons appris par la suite qu’elle était le dernier vestige de l’administration vichyste et pétainiste dans l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses et qu’elle effectuait sa dernière année avant la retraite. 

Nous avons ensuite pris connaissance des chambres qui nous étaient attribuées, locaux surannés dans le bâtiment situé entre la rue Boucicaut et le chantier de construction des nouveaux bâtiments. La discipline était assez stricte : il n’était pas question de recevoir des invités sans en avoir demandé la permission au préalable, nous ne pouvions pas recevoir de garçons, et nous devions rentrer le soir avant une certaine heure ! Nous étions angoissées quand nous rentrions le soir par le RER, nous remontions parfois la rue Boucicaut en courant de crainte d’arriver trop tard devant la porte car il fallait sonner et nous étions accueillies fraîchement par les concierges ! La chambre qui m’avait été attribuée se trouvait en face de la chambre occupée par une agrégative d’histoire nommée Régine Aizertin (59 L FT, décédée le 3 février 2021), avec laquelle j’ai d’emblée sympathisé. Elle m’a appris que son prénom et son nom de naissance, Rivka Ajzerztejn, correspondait à ses origines judéo-polonaises et avaient été francisés par ses parents, bien qu’ils n’aient obtenu la nationalité française que dans le courant des années 1950. Quand sa mère avait été obligée d’aller prendre l’étoile jaune, elle l’accompagnait et l’avait réclamée pour elle-même : « Moi aussi je la veux, l’étoile jaune ! ». J’ai été très émue plus tard, en lisant son premier livre, le Cheval blanc de Lénine ou l’histoire autre (1979, Complexes) où elle raconte l’histoire de sa famille, ce qui m’a permis de retrouver et de compléter les éléments qu’elle m’avait donnés en 1962-1963. Après avoir obtenu l’agrégation d’histoire, Régine a été nommée à l’Université de Dijon et elle s’est mariée avec un étudiant dont elle a gardé le patronyme « Robin » bien qu’ils aient divorcé peu après la naissance de leur fille. Je l’ai encore rencontrée parfois à l’occasion de quelques colloques. Elle a entamé un cursus de linguistique associant la linguistique à ses recherches en histoire, dans une double perspective qui lui a permis d’écrire le livre Histoire et Linguistique (1973, Armand Colin). Elle racontait avec humour qu’elle avait demandé à sa petite fille de lui apporter « Saussure » et que celle-ci lui avait apporté les chaussures ! Régine a été nommée à l’Université de Nanterre où elle a travaillé notamment avec les linguistes Denise Maldidier (1931-1992) et Jacques Guilhaumou. Puis elle s’est fixée au Canada, à Montréal. Pendant toutes ces décennies, elle a poursuivi ses enquêtes dans de multiples domaines, de multiples pays, un nombre infini de langues et de cultures, en recourant de plus en plus souvent à sa connaissance du yiddish. Elle rend compte de ses découvertes dans le livre Mégapolis : les derniers pas du flâneur (1989, Stock) et par la suite dans d’innombrables ouvrages. Francine Mazière (1961 L FT) lui a consacré un très beau texte dans le Bulletin de l’Association des élèves et anciens élèves des ENS de Lyon, Fontenay-aux-Roses, Saint-Cloud, 2021-1 (p. 113-115).

Pour en revenir aux locaux de l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, j’ai gardé un souvenir particulier du réfectoire : pour y accéder, il fallait descendre un escalier assez étroit. A la rentrée de janvier 1963, dès que je suis entrée dans le réfectoire, j’ai senti dans les regards des collègues et amies attablées une sorte de commisération. En effet, en Corse où j’étais alors pour les vacances de Noël, il y avait eu une tragédie : le samedi 29 décembre, un avion Boeing 307 s’était écrasé sur le Mont Renosu, près de Ghisoni. Il transportait deux équipes féminines du BBCB (le Basket-Ball Club de Bastia) qui devaient participer à des compétitions à Nice. Il était prévu que l’avion aille directement de Bastia à Nice mais à cause des conditions météorologiques, il avait été détourné pour passer par Ajaccio en survolant l’axe montagneux de l’île. Les occupants avaient trouvé la mort, les basketteuses, les accompagnatrices avec l’enfant de l’une d’elle âgé de trois ans, ainsi que les trois membres de l’équipage, le pilote, le co-pilote et le mécanicien.

Plus tard au cours de mes enquêtes dans la région, j’ai pu constater combien cette catastrophe était encore gravée dans la mémoire des habitants. 

À l’École, les cours d’italien se déroulaient à l’étage où nous suivions l’enseignement de Franca Baratto née Trentin (1919-2010). Elle nous parlait beaucoup de son père, Silvio Trentin (1885-1944), qui avait été professeur de droit international à l’université de Venise. Pendant la guerre de 14-18, il avait combattu dans l’aviation et bombardé une zone près de Venise dans laquelle se trouvait sa propre maison. En 1926, confronté au décret du 24 décembre 1925 qui imposait aux fonctionnaires italien l’allégeance au régime fasciste, il avait signé le Manifesto degli intellettuali antifascisti et, depuis, il était empêché d’accéder à ses salles de cours. Il avait alors choisi de démissionner et de s’exiler dans les Basses-Pyrénées avec sa famille. Il avait obtenu grâce à des amis italiens une parcelle de terrain où il entretenait des cultures vivrières pour nourrir les siens. Il participait aux manifestations de soutien aux républicains espagnols, accompagné par sa fille Franca et ses fils Giorgio (1917-2013) et Bruno (1926-2007). Franca s’était mariée très jeune avec un Espagnol antifranquiste qui était mort dans les combats. Ils avaient eu un fils prénommé Silvio. Toujours à propos de son père, Franca nous racontait comment, ayant décidé de rentrer en Italie en 1944, avec ses fils, pour contribuer à combattre le fascisme, il avait été fait prisonnier et était mort en détention.

Nous bénéficiions aussi des cours de Mario Baratto, mari de Franca depuis 1956. Mario Baratto (1920-1984) était lecteur d’italien dans les quatre Écoles normales supérieures (Fontenay-aux-Roses, Saint-Cloud, Sèvres, Ulm). Il était lui aussi vénitien, originaire plus précisément de la localité Ca' Barattoune banlieue de Venise. Il était ancien élève de la Scuola normale superiore di Pisa, l’École normale supérieure de Pise, où il avait eu comme enseignant le prestigieux critique littéraire Luigi Russo. Il était lui-même spécialiste de la littérature italienne du XVIe au XXe siècle (Boccaccio, Ruzzante, Goldoni, Pirandello, etc.). Il nous donnait des cours de thème et corrigeait nos copies selon le protocole pédagogique italien : la matita rossa-blù « le crayon rouge et bleu » (rouge pour les erreurs de grammaire, bleu pour les erreurs de vocabulaire). Mario Baratto était par ailleurs gramscien, sympathisant communiste et il aimait citer Lénine, notamment le Che fare ? « Que faire ? ». Nous étions parfois invitées chez les Baratto, dans leur appartement de la rue du Renard, près du cloître Saint-Merri. En 1965, Franca était venue partager notre repas au réfectoire afin de nous soutenir dans notre opposition à la venue de Maurice Bardèche invité par deux de nos collègues fontenaisiennes. Par ailleurs, Mario Baratto avait une demi-sœur, Anna, elle aussi passée par la Scuola normale superiore di Pisa où elle avait fait la connaissance de Jean-Charles Fontes (57 S SC), sorti de l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Celui-ci était venu à Pise dans le cadre de ses recherches en géologie. Ils se sont mariés, ils ont eu un fils, André. Anna a passé l’agrégation d’italien. Elle a été recrutée dans le département d’italien de la Sorbonne. Jean-Charles Fontes devait plus tard avoir d’importantes responsabilités au plan international en tant que directeur de la section d’hydrologie de l’Agence internationale de l’Énergie atomique, avec un siège de fonction à Vienne. Mais en 1994, en revenant du Mali où il avait effectué des missions, le taxi qui l’emmenait à l’aéroport de Bamako a eu un accident et Jean-Charles est décédé.

En ce qui me concerne, dès mon entrée à l’École, j’avais adhéré au Syndicat national de l’enseignement secondaire, le SNES, et je militais également à l’Union nationale des étudiants de France, l’UNEF. Nous étions organisés au « Cartel des ENS » dont les responsables étaient Jean-Paul Malrieu (ENS S 60) et Marc Rogalski (ENS S 61). Jean-Paul Malrieu (fils du philosophe-sociologue et résistant Philippe Malrieu, professeur à l’Université de Toulouse), m’avait prise en sympathie peut-être parce que sa compagne Angèle Macchion (ENS S 59), fontenaisienne, m’avait connue à l’École normale de Montpellier. J’avais été d’emblée désignée comme responsable à l’Internationale, comme je l’avais été précédemment, à l’Association des Préparations littéraires et artistiques, l’AGPLA. Dans ce cadre, j’ai été sollicitée en janvier 1963 par la responsable de l’UNEF à l’Internationale, Françoise Prigent dite Franckie, afin de participer à une délégation d’étudiants pour aller en Tchécoslovaquie. La délégation comprenait aussi un dirigeant de la CGT et un dirigeant des Étudiants catholiques ainsi qu’un responsable de l’UEC, l’Union des étudiants communistes, Paul Lidsky. J’ai découvert récemment le livre de Paul Lidsky sur la Commune de Paris : Les écrivains contre la Commune suivi de Les artistes pour la Commune (Maspero, 1970, réédité en 2020). J’ai rencontré à nouveau Paul Lidsky au Palais de la Mutualité, lors du meeting en hommage aux mineurs du Nord, du Pas de Calais, de Lorraine et du Centre de la France, dont la grève s’est étalée du 1ermars au 4 avril 1963. Les mineurs délégués sont arrivés avec leurs lanternes et leurs pics et ils sont montés sur l’estrade sous les applaudissements du public ! Ce mouvement est devenu le symbole de la défense du droit de grève et aussi de l’unité des syndicats, car il a permis d’obtenir des augmentations de salaires ainsi que la quatrième semaine de congés payés et l’aménagement de la durée du travail. J’étais venue au Palais de la Mutualité avec mon amie Françoise Mahaut. Paul Lidsky était lui aussi dans l’assistance avec sa compagne et il est venu nous saluer.

A Prague, nous avons fait la visite de la ville et des usines sous la houlette d’un étudiant grand, mince et blond qui parlait parfaitement français, d’autant que sa mère était française. Nous étions aussi accompagnés par une responsable dont le bras gauche portait des numéros gravés dans la chair, et j’ai appris qu’enfant, elle avait été internée dans un camp de concentration. A mon retour, j’ai rédigé un compte rendu de ce voyage pour le journal du Cartel des ENS et je l’ai lu devant le bureau du Cartel. J’étais angoissée et j’ai été agréablement surprise d’entendre une gentille approbation, notamment de la part d’Henri-Edouard Audier (ENS Ulm S 60, décédé le 9 octobre 2016) ! Plus tard, Régine Aizertin m’a dit qu’elle avait lu mon texte dans le journal du Cartel des ENS et qu’elle l’avait trouvé intéressant.

En 1962-1963, au cours de ma première année à l’ENS, j’ai suivi les cours de russe de Philippe Ozouf (1925-2016), résistant, philologue, slaviste, professeur de russe à l’université Blaise Pascal-Clermont-2 (désormais Clermont-Auvergne). J’ai gardé en mémoire avec émotion un poème qu’il nous a fait apprendre, un poème de Pouchkine (1799-1857) extrait de Eugène Onéguine

En 1963, j’ai organisé un échange entre le Cartel des ENS et l’organisation des étudiants de l’université de Wroclaw. Nous sommes allés en Pologne avec un groupe de dix étudiants, entre autres mon amie Françoise Mahaut, ainsi que la philosophe Marie-José Mondzain (ENS L 62) de l’École normale supérieure de Sèvres (accompagnée par sa cousine venue de Gascogne), Paul Gérardin (ENS S 62) mathématicien de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, André Langaney (ENS S 63) qui venait de réussir au concours d’entrée à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm intégrée dès la première année de préparation, Michel Jouet qui était alors étudiant en droit public à la Sorbonne (décédé en 2002). A la frontière avec l’Allemagne, à la douane, il y a eu un problème, car il me manquait un document, d’autant que le patronyme de Françoise Mahaut, « Mahaut » entendu comme « Mao », avait terrorisé l’opératrice qui s’est exclamée « Mao-Tsé-Toung » ! J’ai téléphoné à mon amie Jacqueline Laroche pour lui demander de m’envoyer le document à prendre dans ma chambre de l’ENS de Fontenay. En attendant, nous avons été obligés de rester à la frontière où nous avons passé la nuit dans une auberge de jeunesse. Le matin, nous avons été réveillés par des chants d’enfants, nous avons été désagréablement surpris de les entendre chanter « Heili, Heilo... » qui était pour nous un chant de guerre des SS ! Mais à l’auberge, on nous a dit que c’était un chant populaire tout à fait pacifique qui avait été adopté par la Wehrmacht. André Langaney était très amical, je l’ai rencontré plus tard devant l’entrée de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, avec sa compagne. Au Salon du Livre de 2013, au stand des éditions Albiana était exposé le livre Même pas morte ! d’Anouk Langaney. J’ai été intriguée par le nom de l’auteure et par le titre, car l’expression « Même pas mort (e) ! » est employée en traduction de l’expression corse « Mancu mortu! » pour exprimer le refus de faire quelque chose, à n’importe quel prix ! J’ai demandé à l’auteure si elle était la fille d’André Langaney, elle m’a répondu avec humour. Je lui ai parlé du voyage en Pologne, elle m’a dit que son père avait autrefois effectué un séjour en Pologne, mais elle ne savait pas à quelle date. Elle connaissait mes livres et elle m’a dit être aussi ancienne fontenaisienne (92 L FC). Elle enseignait alors (et enseigne encore) la littérature française au lycée Laetitia Bonaparte à Ajaccio et elle donne des cours à l’université de Corse, à Corte.

À l’ENS de Fontenay-aux-Roses, je militais aussi au Parti communiste. Notre cellule était suivie et encouragée par Joë Metzger et Gérard Dauphin, tous deux ingénieurs au Centre d’études et de recherches EDF de Fontenay-aux-Roses. Nous recevions aussi l’aide de Fanny Lévy, épouse d’Albert Lévy, dirigeant du Mouvement de la Paix qui deviendrait plus tard, à son initiative, le « Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix », le MRAP.

Lors d’une de nos réunions, nous avons reçu la visite de Monique Vial (59 L FT) venue nous apporter ses encouragements. J'ai lu récemment le livre qu'elle a publié sous le nom de Monique Romagny-Vial avec le titre Souvenirs d'une jeune fille pas trop rangée où elle évoque sa vie à l'ENS de Fontenay-aux-Roses. Elle raconte la lutte qu'elle a menée avec ses camarades afin d'obtenir l'aménagement du règlement de l'École (dirigée par Louise Maugendre de 1948 à 1961) et la suppression d'un certain nombre de contraintes disciplinaires bien plus rigoureuses que celles que nous avons connues !

Pendant l’année 1963-1964, j’ai effectué une année d’études à Rome. En effet, nous avions droit, en tant que linguistes de l’ENS de Fontenay-aux-Roses et de l’ENS de Saint-Cloud, à une année dans le pays dont la langue était notre spécialité. Nous avions une interruption dans notre traitement compensée par une bourse qui servait péniblement à assurer le prix de notre logement et les autres besoins de la vie quotidienne d’autant que j’achetais beaucoup de livres. J’avais une petite chambre avec accès à la petite cuisine et à la petite salle de bains au sixième étage d’un immeuble de Via Domenichino et ma logeuse était la signora Biancalana, « Madame Blanchelaine ». Elle m’avait promis de me donner la clef de la chambre mais ne l’avait jamais fait. Elle s’était aperçue que je lisais L’Unità, le journal du parti communiste italien. Elle m’avait demandé : Lei è communista ? « Vous êtes communiste ? » et j’avais répondu un pò « un peu ! ». Mais elle recevait de temps en temps la visite d’un monsieur qu’elle appelait mio marito et un jour, en rentrant, j’ai été accueillie par la signora Biancalana terrifiée, qui disait Lei mi ha detto che era un pò communista, ma lei è molto communista ! I suoi libri, Gramsci… ! « Vous m’avez dit que vous étiez un peu communiste, mais vous êtes très communiste ! Vos livres, Gramsci…! ». Elle m’a dit que suo marito avait inspecté ma chambre, il avait vu mes livres dont ceux de Gramsci et il avait ordonné que je brûle mes livres ou bien que je déménage. Elle m’avait dit que suo marito « son mari » était un haut responsable de la polizia « la police » et qu’il ne pouvait pas prendre le risque de lui laisser héberger une communiste. Évidemment, il était hors de question que je brûle mes livres et par ailleurs, le changement de logement impliquait des complications que je ne pouvais me permettre ! Je n’ai donc rien fait et elle ne m’en a plus parlé. Elle m’a dit plus tard que j’étais una ragazza per bene ! « une fille bien ! ». Lors des fêtes de Pâques, elle a beaucoup insisté pour j’aille recevoir la bénédiction du pape en disant : Per far piacere a sua madre ! « Pour faire plaisir à votre mère ! ». J’avais beau lui dire que ma mère était athée comme moi-même, elle déplorait mon refus de la bénédiction !

Je suivais des cours à l’Università di Roma-La Sapienza notamment les cours de linguistique de Francesco Sabatini. L’année suivante, j’ai choisi de faire dans le cadre du diplôme d’études supérieures (DES), un mémoire consacré à la langue parlée dans le roman d’Alessandro Manzoni, I Promessi Sposi, sous la direction du professeur Claude Margueron. Ainsi se développait mon intérêt pour la linguistique, avec aussi la lecture d’ouvrages comme le Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure, Le Degré zéro de l’écriture de Roland Barthes et l’ouvrage de Tullio De Mauro, Storia linguistica dell’Italia unita. Je suis allée m’entretenir avec Tullio De Mauro sur les conseils d’un de ses étudiants, Giovanni Mura (dit Nanni). Nanni était le compagnon de mon amie Mirella Grieco que j’avais connue quand j’étais allée prendre contact au local du Parti communiste où elle assurait des permanences. Mirella devait devenir plus tard une importante dirigeante du mouvement féministe en Italie. Avec la rétribution de son travail, elle avait acheté en 1964 une voiture d’occasion que conduisait son père, employé aux Chemins de fer de Rome, Le Ferrovie romane. J’étais souvent invitée à manger dans leur appartement de Via dei Ramni, près de l’université. La mère de Mirella faisait une délicieuse cuisine romaine, avec gli spaghetti alle vongole « les spaghettis aux palourdes » et le fritelle di fior di zucca « les beignets de fleurs de courge »). J’ai participé avec eux à la commémoration du massacre du 24 mars 1944 devant les Fosse Ardeatine, les grottes en périphérie de Rome d’où on extrayait du kaolin. Les nazis et les fascistes italiens y avaient assassiné plus de deux cents résistants au fascisme qui étaient retenus en otage dans la prison de Regina Coeli, et auxquels ils avaient ajouté une centaine de juifs raflés dans le ghetto de Rome. Le massacre des Fosse Ardeatine a été commis en représailles pour un attentat commis le 23 mars 1944, rue Rasella à Rome, contre des officiers nazis où avaient été tués trente-trois soldats du régiment Bozen de la police allemande. Le frère de Monsieur Grieco, Ennio Grieco, résistant, faisait partie des victimes du carnage des Fosse Ardeatine. Des décennies plus tard, j’ai appris que parmi les otages de Regina Coeli figurait Pierre-Jean Milanini, mon cousin par alliance, père d’Andrée, valeureux résistant corse qui avait été fait prisonnier dans le maquis et déporté en Italie. Il aurait dû faire partie des victimes mais il avait été libéré au dernier moment, sans doute parce qu’il était français !

Au terme de cette année 1963-1964 particulièrement enrichissante, je suis revenue en septembre 1964 à Fontenay-aux-Roses. J’ai participé en mars 1965, à Montreuil, au XVIIIe congrès de l’UEC (Union des étudiants communistes). Nous étions logées, mon amie Jacqueline Laroche (62 L FT) et moi, chez Michel Verdaguer (ENSET chimie 1961) également délégué. La nouvelle direction élue au congrès de l’UEC en 1965 comprenait Robert Linhart (ENS L 63), philosophe, Axel Kahn de la Faculté de Médecine de Paris (décédé le 6 juillet 2021), Jacques Varin, étudiant en histoire à la Sorbonne, et enfin Michel Cardoze, étudiant-journaliste (futur père du journaliste Jacques Cardoze). Michel Cardoze avait fait irruption dans la salle du Congrès avec la délégation de Bordeaux en entonnant la chanson « Chantons les martyrs, en extase ! Chantons les vendanges et l’espoir ! Chantons, chantons les grappes qu’on écrase, les grains saignant sous le pressoir ! ». J’ai appris récemment que c’était une chanson de la Commune de Paris, une chanson d’Eugène Pottier. Au congrès de 1965, les « Ulmiens » communistes, Robert Linhart, Jacques Broyelle (ENS L 64) et d’autres, qui étaient adversaires de la direction de l’UEC et de la direction du Parti communiste étaient soutenus par Louis Althusser (ENS L 39, 1918-1990), agrégé de philosophie, enseignant-préparateur à l’École. Ils ont fondé quelques mois plus tard l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, l’UJCML et commencé à publier une revue (à couverture rouge !), Les Cahiers d’études marxistes-léninistes. Les adhérents de l’UJCML étaient de plus en plus admiratifs de la politique menée en Chine par Mao-Tse-Toung. La plupart sont devenus « maoïstes ». Robert Linhart a fait un stage en entreprise dont il a rendu compte dans son livre L’Établi (1978). Leslie Kaplan, philosophe devenue plus tard psychanalyste a suivi le même parcours dont elle a témoigné dans son livre L’excès-l’usine (1982). Parmi les « maoïstes », il y avait de brillantes fontenaisiennes, ainsi Françoise Cluchague (62 L FT) qui a été révoquée en 1971 pour avoir commenté avec ses élèves un tract séditieux.

En 1965-1966, nous avons eu comme professeur Jean-Baptiste Miquel, dont l’épouse, Juliette Bertrand, était ancienne élève de l’ENS de Sèvres et a fait plusieurs traductions d’écrivains italiens contemporains. Leur fille, Geneviève, elle aussi ancienne élève de l’ENS de Sèvres (ENS L 1962) a épousé Giovanni Clerico, italianiste, ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud (54 L SC) décédé en 2017. Jean-Baptiste Miquel était ami avec Boris Cazacu (1919-1987), professeur à l’Université de Bucarest, spécialiste de linguistique et philologie romanes. Je suis allée lui dire que j’aurais aimé prendre le roumain comme seconde langue à l’agrégation d’italien, au lieu de l’espagnol qui était généralement choisi, car j’étais attirée par la Romania orientale et les similitudes linguistiques entre le roumain et le corse. Miquel m’a dit qu’il en parlerait à Cazacu et il m’a aidée pour avoir une bourse de trois semaines dont deux semaines de cours à l’Université d’été de la Sinaia (où nous étions logés dans l’ancienne résidence d’été des rois de Roumanie, au cœur de la grande forêt de pins sylvestres !) et une semaine au bord de la plage de Mamàia, sur la mer Noire. Notre groupe comprenait, entre autres, Annie Duret, de Montpellier, Denis Autesserre, assistant de phonétique et phonologie à l’université d’Aix-en-Provence, Gérard Taverdet, assistant de linguistique et dialectologie à l’université de Dijon, Peter Linder, assistant à l’université de Tübingen, ainsi qu’un étudiant de l’université de Rome et une étudiante de l’université de Naples. Nous faisions parfois des excursions et la veille, lors du repas du soir composé de la mămăligă, « la bouillie de farine de maïs », notre accompagnateur prénommé Costel nous annonçait le programme du lendemain : du haut de ses 2 mètres (ou presque !), il levait le bras droit et déployait la main droite, en commençant par l’annonce : Mîine, la ora şapte… « Demain, à sept heures… ». Et c’était le départ vers les monastères, Bucovine, Maramureş, etc.

Pendant l’année d’agrégation, nous suivions l’enseignement de Gilbert Moget (1926-1999), professeur à l’ENS de Saint-Cloud qui a réalisé de nombreuses études sur la littérature italienne, notamment le théâtre de Goldoni et la traduction des œuvres de Gramsci. Il participait aux travaux du CERM, le Centre d’études et de recherches marxistes. Nous avions comme lecteur Alessandro Fontana qui avait été nommé après le départ de Mario Baratto devenu professeur à l’Université de Cagliari. Alessandro Fontana (1939-2007), philosophe, spécialiste aussi de la littérature et de la culture italiennes, allait devenir plus tard professeur à l’ENS de Lyon. Il s’est consacré à la publication des cours de Michel Foucault.

Les épreuves écrites et orales du concours de l’agrégation d’italien se déroulaient dans les locaux du département d’italien de la Sorbonne qui se situaient en partie au Grand Palais. À la fin d’une épreuve orale, quand je suis sortie de la salle d’examen, Michèle Sauvebois (61 L FT) qui attendait son tour près de la porte, s’est penchée vers moi en m’encourageant par un « Vas-y, Mathée ! » qui m’a beaucoup touchée. Nous étions amies depuis la classe préparatoire au lycée Fénelon. En ce qui concerne l’épreuve de roumain, j’ai été interrogée par Jacques Goudet (1927-2016), professeur de littérature italienne à l’université de Lyon. On savait que Jacques Goudet était « à droite », et il devait effectivement en 1968 contribuer à la fondation de l’UNI (Union nationale interuniversitaire) et de l'université Lyon-3 dont il a été président de 1979 à 1987. Quand nous avons eu les résultats du concours en juillet 1967, nous avons été reçues les unes après les autres par le jury qui nous a proposé une ou plusieurs affectation(s). J’ai eu le choix entre le grand lycée technique de Marseilleveyre à Marseille et le lycée Saint-Just à Lyon. Marseille me tentait mais le professeur Paul Renucci (1915-1977), président du jury, et Jacques Goudet m’ont fait comprendre que le poste de Lyon serait plus intéressant pour moi, avec la classe préparatoire à HEC. J’ai donc été nommée au lycée Saint-Just. Pour y accéder à partir de la place Bellecour, je devais traverser le Rhône et emprunter la montée Saint-Just en passant devant la magnifique cathédrale Saint-Jean-Baptiste. J’avais d’abord été hébergée par Robert et Renée Matagrin, les parents de mon amie Aline Matagrin[3] (1962 S FT, 1942-2017) qui habitaient à Villeurbanne, puis j’ai trouvé un logement sur le plateau au-dessus de Saint-Just, à Sainte Foy-lès-Lyon. C’est donc à Lyon que j’ai vécu les évènements de 1968 ! En février 1968, Jacques Goudet était venu me dire qu’un poste de phonétique romane avait été créé à l’Université de Lyon et il m’a invitée à y candidater. J’ai été recrutée sur ce poste. Quelques mois plus tard, Claude Perrus (57 L FT) et Pierre Laroche (56 L SC, 1936-2015) qui avaient été mes enseignants à la Sorbonne, m’ont suggéré de candidater sur un poste qui s’était libéré au département d’italien. Par ailleurs, Jacqueline Brunet (51 L FT, 1930-2017) et André Bouissy (1919-1998) co-fondateurs du Centre universitaire expérimental de Vincennes en 1968, m’ont proposé d’assurer des cours complémentaires de phonétique romane. Ces cours devaient être assurés en collaboration avec le linguiste catalan Emmanuel Companys (neveu de Lluis Companys, président de la Generalitad de Catalunya livré par Pétain à Franco et fusillé en 1940 à Barcelone). 

J’ai donc quitté Lyon en 1969, non sans quelque nostalgie pour cette ville qui m’avait accueillie à la fin de mes années fontenaisiennes et à laquelle je m’étais attachée !

Pendant toutes ces décennies, Françoise Mahaut était restée dans ma mémoire comme une amie importante mais je l’avais perdue de vue. En 1997, ma nièce Marie-Christine est entrée au lycée Henri IV en classe de première et son professeur d’histoire, en faisant l’appel, lui a dit : « Vous portez le nom d’une personne que j’ai bien connue ! ». Le soir même, mon frère Dominique m’a téléphoné pour me demander si je connaissais une certaine Françoise Foret et j’ai compris qu’il s’agissait de Françoise Mahaut. Le lendemain, Marie-Christine est allée lui dire : « C’est ma tante ! » Nous avons ainsi repris contact, Françoise et moi, et nous nous revoyons. Françoise est devenue présidente de l'AFTC, l'Association des familles de traumatisés crâniens et cérébrolésés. Elle est très engagée dans ce mouvement. Mais ceci est une autre histoire !

Mathée GIACOMO-MARCELLESI (62 L FT),
Professeur émérite de linguistique italienne et romane à l'université 
Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Ivry-sur-Seine, 12 juillet 2021

[1] Voir https://maitron.fr/spip.php?article140487, notice « MARTINELLI Jeanne, Toussainte » par Jean Reynaud, version mise en ligne le 3 mai 2012, dernière modification le 28 avril 2021.

[2] Voir https://maitron.fr/spip.php?article140378 et les hommages à ce maître de la sociolinguistique dans le Bulletin de l’Association n°2, 2019, p. 84-90 ; sur son père, Toussaint : https://maitron.fr/spip.php?article119991; https://maitron.fr/spip.php?article140379 ; sur sa mère Marie : https://maitron.fr/spip.php?article140379.

[3] Voir dans le Bulletin de l’Association n°2, 2021, p. 87-88 l’hommage de Mathée Giacomo-Marcellesi à Aline Matagrin.